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MOANA       ... dans le sillage océanique de la grande pirogue double ...

Te Mana o te HoroMoana / L'Esprit des Coureurs d'Océan / The Ocean Runners' Spirit

Manava Vaka

Publié le 15 Mai 2015 par Kriss

Manava Vaka

Hier cérémonie sur le marae de Hamuta, c'est un marae sacré et secret. L'accès est protégé par une longue route et un portail massif dans la forêt. Le Tahua, Sunny, prononce tout un rituel et nous tend 3 lianes à tresser ensemble pour créer une corde. Cette corde représente notre alliance avec les Esprits gardiens des océans. Car l'océan est divisé en territoire, nous sommes aux alentours de Tahiti dans Au Moana et vers Rarotoa nous serons dans Otia Moana. Elle sera placée à bord en lieu sûr ou nul ne pourra l'arracher par hasard entre les mains de Pélé, Déesse de l'océan, àla proue de Moana.


Puis c'est la cérémonie du Kava, Sera nous sert avec le Tahua à ses côtés. Tour à tour nous buvons dans une coupe en coco. Le goût est amer et laisse la bouche comme anesthésiée. Mais cela permet de prendre conscience des champs énergétiques et rassemble ou unifie l'être. Cela donne beaucoup d'énergie tout en plaçant un grand calme. C'est assurément la boisson sacrée d'être doué d'un grande subtilité.

c'est le moment du départ, nous sommes dans les RaroMatai, devant Mirimiri, face à la passe, pour nous lancer des l'aube dans une tempête de Toerau, le vent du nord, qui devrait nous déposer dans trois jours devant Rarotoa pour le rassemblement de Manava Vaka. Des pirogues traditionnelles Polynésiennes se rejoignent depuis tout le Pacifique aux îles Cook.


Tai Au (Mer Tumultueuse) devient capitaine de Moana, c'est le Tepuna. Yves qui est le président de l'asso, devient le "i'ite", le navigateur. Il apprend encore en fait, car il s'agit de naviguer sans instruments. Sans gps, ni radar, ni aide électronique. Juste avec les éléments naturels, comme ils le firent il y a déjà 5000 ans, et pendant des siècles.

Les Maohi sont les plus grands navigateurs de l'humanité, en Hawaïen les marins s'appellent the Water People (le peuple de l'eau). Ils ont plus de cent mots en tahitien seulement pour décrire les bruits de l'eau contre la coque.
J'ai dû passer 2 min à leur parler de replacer le Divin dans chaque instant de la vie. Ils ont alors immédiatement embrayer sur la purification du bateau et cautionné cette démarche.

Les Polynésiens ont érigé la navigation hauturière en tant que science, et étudient les étoiles, les mouvements de l'eau et les courants, les nuages et leurs couleurs, et la lumière du ciel, ils apprennent les vents et les oiseaux marins. Leurs connaissances sont immenses et uniquement reliées à la nature. l'asso fait venir des navigateurs connus, d'Hawaii ou d'autres archipels pour transmettre leur savoir.

La dernière fois un vieil homme un peu éméché s'est approché de Kathy et lui dit ainsi "l'évangile cherchait comment faire disparaître tous les peuples mais il en restait un. Un peuple qui n'avait pas été trouvé et qui vivait en paix jusque là. Tous les autres avaient disparu. Les indiens d'Amérique cantonnés dans des réserves, les Aztèques et Incas massacrés dans leurs forêts, les noirs africains mis en servage ...
Les seuls qui n'avaient pas encore été trouvés par l'évangile, c'était nous, isolés dans le plus grand océan du monde, les Maohi, le dernier peuple."

Pour eux la grande pirogue double est sacrée, la Vaka ou Pahi. C'est un espace magique relié aux Divinités qui doit être respecté et honoré. Ainsi les prières, chants sacrés (fatu) et danses sacrés (ori) sont au programme. L'art aussi n'est pas en reste, peinture et sculpture, poésies, chants et danses.

Yves et Tai Au ont beaucoup de respect pour celle qu'ils appellent leur Déesse et qui est le Horero des pirogues. C'est une grande dame, Claude, avec beaucoup de charisme, connues dans le milieu des navigateurs Polynésiens et qui soutient les pirogues traditionnelles. Elle me disait qu'il manquait cruellement de capitaine en Polynésie. J'ai proposé à Yves et Tai Ao que Moana deviennent un bateau école pour de jeunes skippers. Qu'elle voyage à travers l'océan vers des événements dans les îles en formant de jeunes chefs de bord.

Ramener les Polynésiens vers l'océan, c'est un peu comme leur rendre leur terre. Autant certains sont terriens jusqu'à la moelle, d'autres ont de l'eau de mer dans les veines. Les Tahitiens appellent les gens qui vivent sur l'eau les Horo Moana, les Coureurs d'Océan.

La semaine dernière, nous sortions des groupes de 15 à 16 personnes et une petite barque en alu les amenait jusqu'à bord. Deux bébés, un garçon et un fille d'environ 1 à 2 ans me sont jetés dans les bras l'un après l'autre. Ils étaient vraiment poumz avec leur bouille ébahie, et leurs grands yeux noirs.

Puis un autre groupe est arrivé avec pratiquement que des femmes. Des Polynésiennes qui se sont rapidement mises à chanter et à conter des histoires avec beaucoup de rire. Elles nous ont invité le soir à manger avec elles. La soirée est rapidement devenue magique. Nous étions transportés au Tahiti des temps anciens. Une belle femme, d'un certain âge, aux cheveux délavés par le soleil, en paréo, que tout le monde appelait Tati avec beaucoup de tendresse et de déférence, était entourée d'une jeune fille qui l'enlaçait et posait sa tête contre sa poitrine, et d'autres femmes qui discutaient en rigolant avec elle.


Nous étions assis au bord du lagon, dans l'obscurité de la nuit, un néon accroché à un arbre nous éclairait mal et transformait les visages. Tati, tout à coup, ressemblait à une reine, assise parmi sa suite. Ses cheveux prenaient des reflets d'or et surtout ses yeux brillaient d'une puissante lumière. Tai Au parlait en Tahitien avec son assurance de guerrier, et son visage se découpait dans le reflet de la lune sur l'océan. A un moment il s'est tourné vers moi et me fit un geste vif des mains en me disant : tu vas voir ce qui était juste à côté de toi et que tu n'as pas vu lorsque tu vivais à Raiatea. J'ai compris qu'il me parlait de ce monde souterrain, dans lequel l'ancienne civilisation Maohi évolue encore aujourd'hui, en secret, camouflé à la vision de Babylone. Au moment de partir, Tati m'a embrassée sur la bouche en touchant la pointe de mon nez avec son nez, le baiser Tahitien.

a suivre ..

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