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MOANA       ... dans le sillage océanique de la grande pirogue double ...

Te Mana o te HoroMoana / L'Esprit des Coureurs d'Océan / The Ocean Runners' Spirit

Une traversée de rêve

Publié le 12 Mai 2014 par Lucie

Une traversée de rêve

Nous partons le dimanche 6 avril en fin d'après-midi. Pour la première fois, nous mettons une ligne sur Moana et en une demi-heure un beau tazar prend. Cela me donne beaucoup d'espoir pour le reste de la traversée. Pour l'instant cela reste de l'espoir, car en 12 jours de navigation nous n'avons rien pêché.

Du coup, vers la moitié de la traversée, nous enlevons les lignes. Premièrement car nous allons continuellement à 10 nœuds et que personne ne pourrait remonter les lignes et de toute manière nous récoltons des poissons volants et des calmars à chaque petit-déjeuner, notre records c'est neuf calmars, sept gros poissons volants, un moyen et un petit. Nous avons aussi fait une poêlée de mini poissons volants, en longueur ils font la moitié de mon pouce et ils sont moins large qu'un stylo, ils se collent à la coque, en fait leurs ailes s'accrochent et ils y restent !

Avant d'enlever les lignes, un bel espadon est venu nager et faire de magnifiques bonds à côté de la ligne. Quasi tout le monde avait rêvé que l'on pêchait un gros poisson, là il a juste nagé à côté.

Au départ, nous n'allons pas très vite, nous avons allumé les moteurs plusieurs fois sauf que, passé les Galapagos le bon vent arrive et nous filons à une moyenne de 7 nœuds, avant cela nous avons fait 198 mille en 24h, soit 8 nœuds toute la journée !

Je me suis vraiment intéressée aux bracelets brésiliens et j'ai appris à les faire avec Zana puis avec Kali et Matéo j'en refais. A la base, je croyais que c'était difficile mais en fait il suffit de comprendre. J'ai comme projet d'en vendre à Fatu Hiva et avec Matéo nous avons passé trois jours à en faire tout le temps mais après nous sommes en panne de fils vue que chaque bracelet consomme à peu près 90 cm. J'ai quand même pu en faire une dizaine et Matéo de même.

Dans le Pacifique il y a beaucoup d'animaux et très peu de bateau, même si nous croisons deux bateaux de pêche et un ketch, nous avons plusieurs fois des dauphins, une fois des globicéphales. Là où nous avons vu le plus d'oiseaux, c'est près des Galapagos.

Il y a des oiseaux du paradis ou des paille-en-queue, ce sont des oiseaux qui ont une queue aussi fine qu'une paille. Plein d'autres comme des sternes voyageuses ou de la même taille, comme ceux de Los Aves … Par deux reprises des oiseaux se sont posés sur le bateau, la première fois, c'est un peu comme un sterne qui avait l'air toute perdue et aussi d'avoir froid vu qu'il pleuvait, qui s'est posé sur le bastingage et l'autre fois, c'est un oiseau " normal qui s'est posé sur le beaupré et qui a laissé plein de fientes qu'il a fallu nettoyer par la suite !

Avec Kali et Matéo nous faisons de la balancine. En fait on s'accroche à la balancine de la misaine (une drisse qui passe en tête de mât) et nous nous balançons. Souvent on se fait arrêter par la voile et renvoyer, ou nous faisons des glissades sur le deck mouillé. Kali a eu cette idée de Kafeoli, lorsque avec Félix nous partions de l'avant, nous écartions avec force du bateau et à mi parcours nous lâchions le bout pour atterrir dans l'eau ! Des fois Kali me fait voler et Matéo aussi. On fait des sauts génial. Avec Matéo nous arrivons un peu à soulever Kali. Cela nous arrive aussi de faire des records, celui qui va le plus loin le plus souvent.

Avec Matéo nous apprenons à Juno à parler un peu français et je trouve ça assez drôle d'entendre lire en français avec l'accent espagnol ( pour Juno ). Elle m'a fait une peinture sur la peau ainsi qu'à Matéo et Zana, elle dessine très bien en particulier les fleurs. La peinture c'est de l'aquarelle et avec une douche ça part !

Le vent est bien, cela ne mouille pas trop, quelques poissons volants, un peu de musique , la routine , quand … le quatorzième jour, plus de pilote. Nous installons le moteur de rechange qui est sensé être vérifié (et je rajoute bien sensé) ! Kriss l'installe et on essaye le pilote, même problème que le moteur principal, déception total ! Comme ça se passe dans le moteur, il faut une clé allen, évidemment il y en a soit trop grande, soit trop petite alors, on vide l'atelier mais pas de clé allen, pas de moteur, donc pas de pilote et résultat nous allons devoir barrer pendant les deux semaines à venir !

Au départ cela me paraissait quasi-impossible car ayant eu le même problème pendant la traversée jusqu'aux San Blas, cela allait pour deux jours mais là c'est deux semaines ! Je suis un peu fatiguée au début mais là routine revient et on s'habitue. Maintenant, cela me paraît normal de barrer et de faire mon quart.

Avant que le pilote s'arrête, la vergue de misaine s'est cassée ou plutôt ce qui tient la poulie de drisse de vergue puis, en même temps que le pilote la vergue de grand-voile tombe. Les deux vergues ont eu le même problème, Kriss et Kali sont montés en tête de mât pour réparer.

Pendant que nous essayons de réparer le pilote, on installe la barre franche, c'est sympa, sauf que les efforts sont plus gros que sur la barre à roue. Le lendemain, le compas électronique disjoncte et maintenant, nous barrons jour et nuit avec le compas magnétique.

Ce qui me paraissait devenir une traversée épuisante est en fait une traversée de rêve, car le temps est clément et que nous filons.

Nous continuons les jours de cuisine et chacun fait de bon repas. Nous avons eu comme idée de faire une pièce de théâtre et d'apprendre une chanson, et je trouve bien d'avoir des idées, surtout en mer.

Cette traversée est pour moi la meilleure, car la mer est belle et j'aime partir longtemps, avoir mon rythme pépère, avec l’intensité des manœuvres et le temps où je regarde la mer.

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